Cours n°2 : MAITRISER LA TECHNIQUE PHOTOGRAPHIQUE

Comme disait Chenz, la technique c'est tout ce qui reste quand on a tout oublié !
Et comme pour les sports de combat, une technique s'exprime mais ne se copie pas !

En argentique, l'exposition du film dépendait du couple Diaphragme/Vitesse

En numérique, l'exposition du capteur dépend... d'un ménage à trois!Diaphragme/Vitesse/Sensibilité du capteur modifiable à la volée... d'où la montée...du bruit dans les alcôves quand la sensibilité monte voire grimpe bien haut lors de faibles éclairages bien tamisés.

LE DIAPHRAME contrôle la quantité de lumière, influe sur l'aspect de l'image appelé la profondeur de champ (zone de netteté) et, au flash détermine l'exposition des premiers plans

L'OBTURATEUR contrôle le temps d'exposition de la lumière sur le capteur, anime la traduction du mouvement et au flash détermine l'exposition des plans arrières (notion très mal perçue par les photographes)

Le diaphragme, par analogie hydraulique, est le diamètre d'un entonnoir et l'obturateur le temps que l'eau coule pour remplir un seau.
Ainsi, pour une même exposition constante, on peut faire varier le couple diaph/vitesse selon la nature du sujet et/ou les caractéristiques ou l'esthétique de l'image.

SENSIBILITE DU CAPTEUR le choix de la sensibilité influence la qualité de l'image et le couple diaph/ vitesse compatible avec i'image désirée.
C'est un des atouts majeurs du numérique par rapport à l'argentique.

La notion de sensibilité numérique repose sur l'amplification d'un signal analogique et sur des algorithmes de traitements.
Mais aussi dimension du capteur, largeur et densité des photosites (à titre de comparaison, cette densité atteint 50 méga par cm² sur un compact et 2 méga par cm² sur un plein format).
Le Nikon D3s atteint 102.400 iso et, jusqu'à 10.000 iso sans bruit et... pas de bouillie de pixels dans les alcôves !

LE DIAPHRAGME Ou comment jouer sur la profondeur de champ. Un bon contrôle offre de nombreuses possibilités artistiques ; en la diminuant on peut isoler son sujet ou, à l'inverse, le fondre dans le décor.

Tous les objectifs (à l'exception des objectifs à miroirs dits catadioptriques) ont un diaphragme (comme l'iris de nos yeux). Il détermine des valeurs d'ouvertures dites normalisées donc tous les objectifs réglés à une même valeur de diaph admettent la même quantité de lumière.

L'échelle des ouvertures (1,4-2-2,8-4-5,6-8-11-16-22) est une progression géométrique dont la raison est √2 (1,4) et donc la surface de l'iris varie du simple au double ; cela signifie que le diaph réglé à f/4 laisse rentrer deux fois moins de lumière qu'à f/2,8 et deux fois plus qu'à f/5,6.

La profondeur de champ augmente au fur et mesure que l'on réduit l'ouverture du diaphragme c.à.d que la valeur des chiffres augmentent et vis-versa.
Pour exemple, prendre l'objectif quasi-mythique des portraitistes le 85mm de f:1,4 (en 24X36). Cet objectif est parfaitement adapté au portrait « standard » ; Il permet de mettre le sujet dans la sphère dite sociale, entre 1.20 mètres et 3 mètres environ.
Ainsi on sera en interaction avec lui sans l'agresser et sans être trop distante. A 1.20m avec une ouverture de f:1,4 cette approche...disons psychologique procure une profondeur de champ infime ; on focalise que sur les yeux car la zone de netteté est de 1,5cm !!!
On comprend ainsi que pour un portrait visant à mettre en avant le sujet et à gommer le fond il faut « ouvrir » c.à.d aller vers les petits chiffres.
A l'inverse pour un paysage avec un premier plan proche, il faudra « fermer », aller vers les gros chiffres, pour assurer la netteté sur l'ensemble de l'image.

En pratique, il est important de se souvenir que la profondeur de champ n'encadre pas notre sujet d'une même valeur : compter 1/3 devant et 2/3 derrière (sauf pour la macro où elle s'applique à 50/50). Donc si on photographie une moto...une Ducati 1200 cm³ Diavel ;1590 mm d'empattement (le record actuel!), un pneu arrière de 240mm ! , 170 ch ...ça pousse, ça gueule, ça vibre !
Bref pour toute question existentielle sur sa réelle utilité on fait la mise au point sur le tiers avant et non au milieu de cette rageuse en diable.

La technique de hyperfocale est intéressante pour optimiser une grande zone de netteté si l'objectif possède les repères d'hyperfocales (c'est la distance minimale à partir de laquelle le sujet est net en faisant la mise au point sur l'infini).
On débrayes l'autofocus et on cale le repère de l'infini sur l'ouverture sélectionnée
5 oo échelle des distances 3 5 oo --|-----|------|-- ---|-------|--------|---- 16 16 repère diaphragme d'hyperfocale 16 16 Dans cet exemple (diaph f:16) la profondeur de champ s'étendra de 3m environ à l'infini au lieu de ne débuter qu'à 5 m environ si la mise au point avait été faite classiquement sur l'infini. Mais attention le maximum de profondeur de champ n'est pas une fin en soi ; au contraire un environnement flou détache les sujets.

En résumé La profondeur de champ est d'autant plus étendue que l'ouverture est plus réduite : faible ouverture= grande profondeur de champ.
La profondeur de champ varie en raison inverse de la distance focale de l'objectif:courte focale= grande profondeur de champ.
La profondeur de champ est d'autant plus étendue que la distance de mise au point est grande : objet proche= faible profondeur de champ.
A diaphragme égal, c'est l'objectif de plus courte focale qui donnera la plus grande profondeur de champ.
La taille des capteurs : elle est moindre sur les capteurs plein format (24X36) que sur ceux APS-C APS-H etc...
Le diaphragme est constitué par une série de lamelles métalliques qui se chevauchent, plus leur nombre est important et plus on obtiendra de jolis flous (autre avantage des capteurs plein format 24x36, on fait des flous dits « ciné »)

Ouverture et piqué d'image Le choix de l'ouverture influe aussi sur le piqué (précision de l'optique à reproduire les tous petits détails). En général, le piqué est plus faible à pleine ouverture et augmente progressivement jusqu'à devenir maximum vers f/8. Au delà (f/16 et plus) le phénomène de diffraction peut apparaître et amoindrir la qualité de l'image.

La photographie argentique se souciait peu de la diffraction. Par contre elle est fondamentale en numérique car elle se manifeste à toutes les ouvertures et est étroitement liée à la taille des pixels.
Pour les fabricants, il est plus facile et plus rentable d'ajouter des photosites que d'augmenter la surface des capteur, mais la qualité des images est liée à la taille des capteurs.

Peux-on monter des objectifs dits argentiques sur son reflex numérique ?
Bien sûr ! Déjà un objectif est un assemblage de lentilles capable de produire une image sur n'importe quelle surface ; une main, un dépoli, un capteur...s'il existe des limitations dues aux compatibilités mécaniques, en passant en mode manuel on peut contourner voire s'affranchir de ces incompatibilités.

Donc, à priori pas de souci ? Eh bien c'est raté !!! les performances des « objectifs argentiques » peuvent ne pas « passer ».
Le capteur possède une structure très différente de celle d'un film argentique ; il est situé au fond d'un puits et n'apprécie guère les rayons lumineux très inclinés (le film argentique s'en accommodait bien.
Pour l'Histoire, seules quelques pellicules photos pouvaient prétendre égaler la résolution des premiers appareils numériques pros...de 2 à 3 méga à l'époque !!! ).

Donc les vieux grands angles posent des soucis sur les bords des images. Ils produisent un assombrissement des bords de l'image (vignetage).
D'où la création d'objectifs optimisés pour le numérique, dits objectifs télécentriques, permettant aux rayons lumineux de frapper le capteur verticalement au centre comme en périphérie.
Lieca a choisi une solution inverse pour son M9 télémétrique plein format ; il a fait un capteur adapté à ses cailloux dont le prix brille comme des diamants, rubis...

Si on utilise un grand angle « argentique » il faut fermer de deux diaphragmes minimum, par rapport à l'ouverture maxi, pour éliminer le vignetage ( donc si l' optique ouvre à f/4...on travaillera pas en deçà de f/8.
Sinon, on peut, dans un élan artistique, utiliser cet assombrissement des bords de l'image. Rappelez-vous des tirages NetB dans lesquels « on fermait l'image ».
Sur le tirage brut, on fonçait volontairement les bords pour rendre le fond de l'image plus homogène et ainsi on ne dispersait pas le regard du spectateur sur des détails qui pouvaient détourner son attention.
Fond et forme, ombre et lumière, densité et nuance sont bien des termes qui traduisent, au mieux, que la technique s'exprime et non se copie...encore faut-il l'oublier !!!

Testeur de profondeur de champ (situé sur le côté de l'objectif)
De nombreux boîtiers possèdent un bouton de test de profondeur de champ. En appuyant dessus, l'objectif se ferme à l'ouverture sélectionnée.
Ainsi on peut juger et apprécier visuellement la zone de netteté.
Mais la vision s’assombrit: plus que tu « fermes » plus que t'es dense ! ( au-delà de f/11, suivant la qualité et la luminosité du viseur on peut ne plus rien voir!). On peut passer en mode Live View (visée écran) pour ne pas avoir d'obscurcissement de la visée.

L'art du flou créatif C'est parfois le résultat d'un accident, mais le flou n'est pas toujours synonyme de photos ratées. Il peut être un outil de créativité.
Vous l'avez compris : faible profondeur de champ mais aussi vitesse obturation lente associée à un mouvement (du sujet ou de nous-mêmes...ou les deux ensemble) ou décalage de la mise au point.
Une image entièrement floue enlève toute référence au réel ou dépasse les limites de réel. Ainsi on oblige le spectateur à se concentrer sur la lumière, les couleurs, le graphisme des objets...
Pour un film vidéo cela peut constituer de belles entames, des plans de coupes pour amener d'autres réalités, pour changer de sujet...
Le bokeh... est un mot d'origine japonais, boke, signifiant tout simplement « flou »...
Quand on prend une photo d'un sujet au premier plan et que l'on diaphragme au maximum (oui les gros chiffres) l'arrière plan est tout flou et les sources lumineuses deviennent alors des taches diffuses en formes de polygones ( c'est la forme de du diaphragme).
En mettant des caches devant l'objectif : des modificateurs de bokeh, on change la forme des polygones en étoiles, bananes, cœur etc...

L'OBTURATEUR Ou comment savoir choisir la vitesse adaptée en fonction du sujet et des conditions de prises de vues.
Comme je l'ai dit, l'obturateur a pour fonction de limiter (donc d'ajuster) le temps durant lequel le capteur est touché par la lumière ayant traversé le diaphragme.
Il est composé de deux rideaux tendus (défilement horizontal) ou de lamelles (défilement verticale) qui laissent, entre eux, une fente dont la largeur est fonction de la sélection des vitesses.
Comme la fente « balaye » le capteur à vitesse constante, c'est la largeur de la fente qui détermine le temps de pose ou vitesse d'obturation.

Comme pour les ouvertures du diaphragme, les vitesses de l'obturateur sont normalisées et calibrées. Les valeurs sont en secondes et en fractions de secondes. 1s-1/2s-1/4s-1/8-[...]-1/1000-1/2000-1/4000-1/8000.
C'est une progression géométrique de raison ½ donc chaque vitesse a une durée double de celle qui la suit et moitié de celle qui la précède.

Pour une sensibilité ISO donnée, on sait que la valeur globale de l'exposition à donner au capteur est invariable. On sait aussi que les valeurs normalisées du diaphragme et des vitesses sont en progression géométrique et varient du simple au double quand on passe d'un chiffre au chiffre suivant.
On peut donc choisir pour chaque lumination possible (la lumination est le produit de l'éclairement du capteur par le temps d'exposition, notée IL sur les notices rayon Plage de mesure, ou on peut se faire bronzer de 0 à 20 IL en mesure matricielle ou pondérée centrale)une série de couples obturateur/diaphragme équivalents.

Par exemple le système de mesure des boîtier indique 1/60s à f/5,6 que l'on fera correspondre à IL 11. on peut adopter bien d'autres couples équivalents :
-En posant moins et donc en augmentant l'ouverture :
1/125s,f/4...1/250s,f/2,8...1/500s,f/2...1/1000s,f/1,4
-En posant davantage et donc en diminuant l' ouverture :v 1/30s, f/8...1/15s,f/11...1/8s,f/16...1/4s, f/22

Donc pour une même lumination du capteur- ici 11pour l'exemple-on a 9 couples (... ou plus avec le ménage à trois! Si la sensibilité du capteur et son don de rêves extatiques plane comme un soleil nouveau...) obturateur/diaphragme parmi lesquels on peut choisir, pour changer l'apparence d'une image ou les détails qui la composent.
Si le sujet est en déplacement rapide (une Ducati 1200 Diavel!) il faut le 1/1000s, f/1,4 pour fixer l'empreinte fumeuse de cette Nymphe aussi guerrière que divine.
Quand, son onde tapageuse n'est plus qu'un sillon ténébreux que l'on veut fixer avec la forêt parfumée au loin, on choisira alors le 1/4s,f/22.. .avec un pied et la technique de l'hyperfocale !

La technique...tout ce qui reste quand on a tout oublié !
Le choix de la bonne vitesse d'obturation est donc primordial pour exprimer le mouvement et éviter des photos floues de bouger.
Intuitivement, on sait qu'une vitesse rapide gèle les mouvements, donc suspend l'action.
Mais on oublie qu'une vitesse élevée permet d'enregistrer de fin détails immobiles car on évite les flous de bouger.

La vitesse de prise de vue doit aussi être adaptée à la focale de l'objectif.
Pour éviter ce flou, on prend en pratique comme vitesse la focale de l'objectif : exemple pour un 180mm (le mythique Angénieux par ex) on afficheran le 1/250s au minimum.
Aujourd'hui, les longues focales possèdent une stabilisation optique interne.
Bien décontractée on peut gagner 3 voire 4 vitesses d'obturation par rapport à la vitesse mini que l'on conseille en utilisation à main levée ( focale=vitesse).
Avec l'Angénieux on pourrait, s'il possédait les dernières générations de stabilisateurs accrocher le 1/15s !!! avec un bon taux de réussite.
Certains boîtiers Pentax et Sony, possèdent un stabilisateur mécanique intégré.

Quand faut-il utiliser une vitesse lente :
Quand on souhaite flouter le mouvement du sujet pour un effet créatif
Quand on souhaite maximiser la profondeur de champ et que la vitesse n'est pas déterminante.
Si on utilise un trépied : photos de natures mortes, macrophotographies...
Quand la lumière est réduite ou très faible ( nuit, éclairage bougie...)

Nous avons à notre disposition plusieurs effets créatifs :
-Le flou créatif; je vais étayer l'ébauche que j'avais commencé un peu plus haut.
On peut suggérer le mouvement avec une vitesse lente mais il faut bien choisir son sujet.
Cet effet est bien pour ajouter un effet de brume aux cascades d'eau..quand sa lentille frontale est constellée de gouttelettes !
Face à la cascade, il est très souvent décevant d'arrêter le flux de l'eau avec une vitesse très rapide.
Avec un trépied, on accentue le coté « crémeux ». l'effet esthétique est assez classique mais toujours plaisant à contempler, mais la vitesse lente est seulement l'épice qui parfume notre plat !!!
Tabler...à la louche sur une vitesse de 1/8s... avec une fourchette... d'une à deux divisions pour ne pas manger des détails et se mettre à couvert si on désire de ne pas y aller avec le dos de la cuillère et pour, peut-être, éviter de se faire assaisonner avec de louches condiments, à couteaux tirés, qui pimentent l'inappétence des fruits de la passions !!!

Cet effet (glouton!!!) convient bien aussi à la foule, à des tiges ou fleurs ondoyantes sous le vent, à des oiseaux en vol , à une pomme de terre en robe de chambre...

L'effet de filé, cette technique consiste à photographier un sujet en mouvement à vitesse lente, en le suivant avec l'appareil pendant l'exposition.
On comprend que sa vitesse relative étant faible, il apparaîtra net, contrairement au fond qui va disparaître dans un beau flou de bougé.
Le filé réclame une vitesse de l'ordre du 1/30s comme base de travail.
Si possible se mettre parallèlement à la trajectoire du sujet, la mise au point en sera facilitée.

Dernière technique à maîtriser :régler correctement la sensibilité du capteur.
Je me répète, le choix de la sensibilité influence la qualité d' image et l'éventail des ouvertures et vitesses pour une scène donnée.
L'un des atouts majeurs de la photo numérique par rapport à l'argentique, c'est de pouvoir modifier la sensibilité à la volée pour l'adapter à chaque photo.

Aujourd'hui avoir un compact de 16MP avec un capteur 1/2,3", de surface cible de 28mm² (soit un peu plus d'un quart de cm²) est une abbération ! Aucune dynamique et un bruit à partir de 400 ISO.
La course aux pixels est une aberration.

Le vrai challenge c'est la sensibilité, la taille des capteur et le pas de leurs photosites.
A l'image du capteur CMOS expérimental dévoilé par Canon dont la taille est de 20cmx20cm et on peut enregistrer des vidéos à 60 images secondes avec un éclairement de 0,3 lux! Impressionnant car en vision nocturne (éclairement inf. à3lux) dite scotopique, les cônes sont insensibles.
L'image perçu par les seuls bâtonnets est achrome et de faible résolution !!!

Bref, dans quelques années on parlera en kilo ISO.
Penser qu'une sensibilité minimale, dite nominale, sublime les détails ou le grain et les nuances de la peau.

En Photographie de paysage, la qualité d'image prend l'ascendant sur la flexibilité. Garder ta sensibilité nominale s'il y a de la lumière.

En portrait, sensibilité réduite et faible ouverture. Attention aux photos de groupes qui nécessitent de la profondeur de champ.
Photo d'action ; la vitesse d'obturation doit être élevée donc une sensibilité entre 800 ISO et 3200 ISO.

En général j'utilise le 400 ISO... c'est affectif car le souvenir de la pellicule N&B Tri X Kodak me réjouit le cœur !